J’ai revu le gynéco mardi comme prévu.
L’écho a démontré qu’en quelques jours, le sac a bien grandi mais pas l’embryon.
Je ne comprends pas, les hormones sont top, le sac grandit mais pas l’embryon.
Ce que je reproche à mon gynéco c’est qu’il nous parle comme si on savait que ça pouvait arriver et comme si on savait ce que ça engendre.
Et bien non! Je ne savais pas que ça engendrait des fausses couches. J’avais une autre idée en tête de la fausse couche et je ne savais pas qu’une grossesse pouvait être non évolutive. Je suis peut-être très bête, mais c’est comme ça. Pour moi, une fausse couche c’est quand ça se « décroche », tout bêtement. Et chez moi, il m’a dit que c’était hyper bien accroché, pas le moindre signe de décollement d’ailleurs. Quand il a dit il y a quelques jours « ce n’est pas bon », il ne nous en a pas donné la traduction.
Donc, quand il m’a dit: « si ça ne se fait pas naturellement, il faudra prendre ces comprimés dimanche », je lui ai répondu « si quoi, ne se fait pas naturellement? ».
Je ne sais plus exactement ce qu’il a répondu mais il ça n’a pas encore été tout-à-fait clair mais au final, j’ai compris que je DEVAIS (c’est un devoir maintenant) le perdre. Et si la nature ne s’en occupe pas, il faut que je prenne des compris dimanche pour l’y obliger.
Il ne m’avait pas du tout parler d’un retard de croissance chez l’embryon, il m’avait juste parlé d’un retard pour l’apparition du cœur. J’aurais vraiment préféré qu’il soit clair depuis le début.
Donc voilà, j’en suis à attendre que « ça se fasse ». Mon homme lui a demandé s’il ne valait pas mieux me mettre en arrêt pour quelques jours.
« Non, pas la peine mais on se revoit lundi et si vous être trop fatiguée à ce moment-là, on verra pour quelques jours de repos ».
Mercredi matin, j’étais chez mon médecin traitant pour un arrêt maladie. Elle n’a pas chipoté. Elle m’a mise au repos jusqu’à ce que je le revois. Franchement, je me voyais mal aller travailler en me demandant chaque matin si j’allais faire ma fausse couche sur ma chaise de bureau et en plus, je passe mes journées à pleurer (et de toute façon, comme je l’explique plus bas, mon employeur ne me donne pas de boulot).
Et comme d’habitude, aucun soutien. Comme je l’ai dit dans mon article précédant, le gynéco nous avait conseillé de n’annoncer la grossesse à personne, même pas à notre entourage très proche. Conséquence? Personne pour nous soutenir dans cette épreuve.
Aussi, comme je l’avais expliqué j’étais en écartement de fonction par la médecine du travail mais il m’a conseillé de ne rien dire pour le moment car il estime que je pourrais retomber enceinte rapidement. Et là, franchement, j’ai l’impression de mentir à mon employeur, à la médecine du travail, etc… Je vais donc tout de même lui en reparler lundi.
Du fait de cet écartement, on a du transférer une partie de mes dossiers à mes collègues qui doivent maintenant recevoir en entretien les personnes que j’accompagne (j’ai essayé un maximum de faire des suivis à distance pour la plupart pour ne pas les surcharger). Si j’annonce que ma grossesse est arrêtée, on va bien évidemment me les réaffecter pour peut-être devoir à nouveau stopper les accompagnement d’ici quelques temps.
Déjà que j’avais la « vague » impression que ma hiérarchie me faisait payer mon écartement. La médecine du travail a demandé qu’on me donne un travail administratif. Sauf que deux semaines après cette décision, on ne me donnait toujours rien à faire et je passais mes journées à regarder un mur. Faire des suivis à distance ça ne remplit pas mes journées.
Aussi, il était bien stipulé que mon employeur mette tous les moyens en œuvre pour éviter le risque d’agression (bien réel dans le milieu dans lequel je travaille). Il faut savoir que mon bâtiment n’est absolument pas sécurisé et on y rentre comme dans un moulin. Il aurait fallu que ma hiérarchie prenne la décision de me transférer dans un autre bâtiment (je travaille pour une structure publique et nous sommes implantés dans une bonne partie du pays; il était facile de me transférer dans un bâtiment sécurisé, au sein de ma direction régionale, par exemple, mais ça n’a pas été fait).
Résultat: pas plus tard que lundi de la semaine dernière, un fou furieux a débarqué et nous a violemment agressé verbalement et proféré des menaces. Il a notamment menacé de revenir et de nous violer. J’ai eu tellement peur que je me suis enfermée dans mon bureau et j’ai fait de la tachycardie la nuit qui a suivi avec crise d’angoisse.
Mon employeur n’a toujours pas trouvé utile de me changer de lieu de travail. Réponse: « la décision de la médecine du travail n’est qu’une recommandation ».
J’ai demandé au gynécologue s’il savait me dire quand l’embryon s’est arrêté de grandir.
« Courant de la semaine dernière, très probablement ».
Et je n’arrête pas de penser à cette agression. J’arrête pas de me dire que c’est à cause de ce fou furieux.
En plus, on ne sait même pas qui c’est. Il nous était inconnu. C’était vraiment une violence gratuite. Nous avons appelé la police via notre bouton d’urgence (directement relié au commissariat). Ils ont mis 1/2 heure pour arriver et on ne sait rien faire puisqu’on n’a pas son identité.
En plus, notre employeur ne nous a absolument pas soutenues. Il nous a répondu qu’il fallait analyser la façon dont ce monsieur avait été reçu, bla bla bla. Sauf que ce monsieur n’a pas été reçu. Il a débarqué avec sa voiture comme une furie. Il est arrivé comme un malade, a pénétré dans le bâtiment et nous a agressées. Mon dieu comme je m’en veux de ne pas avoir eu le réflexe de relever sa plaque d’immatriculation.
J’en veux également à mon gynéco. Je lui avais expliqué la situation: le fait que j’ai déjà été agressée plusieurs fois sur mon lieu de travail, le fait que la décision de la médecine du travail n’était pas respectée et il n’a rien fait non plus.
Il ne nous reste que 3 embryons. Après c’est fini! C’est pas comme si on pouvait recommencer puisqu’on a du passer par une donneuse d’ovocytes.
Nous sommes dans un état lamentable, mon homme et moi. Nous sommes dans l’impossibilité de nous soutenir l’un l’autre tellement nous sommes mal.
De mon côté j’ai l’impression de devenir dingue. Je n’accepte pas la dure réalité. Je n’ai rien dit à mon médecin lundi mais je pense bien tomber dans la dépression, la dure, la vraie.
Je ne sais vraiment pas comment je vais pouvoir me relever de cette épreuve. Et il est toujours là, en moi.
« Vite que ça parte, pour tourner la page » m’a dit le gynéco. Non mais il s’entend parler? Et il annonce ça comme il annoncerait la météo. Evidemment, pour lui, c’est courant. Il nous a d’ailleurs dit que ça peut encore arriver une 2e fois que ça n’est pas si exceptionnel que ça. Mais moi, je ne peux pas l’entendre car si ça arrive une 2e fois, c’est foutu. Le mot maman ne me sera jamais dit. Parfois je me demande si les médecins se rendent compte de ce qu’ils disent. Une situation n’est pas une autre. C’est pas comme si j’avais 20 ans et tous mes ovocytes. J’aurai 39 ans en juillet, 7 ans d’essais et plus aucun ovocyte en vue.